Quels salaires gagnent les Tunisiens ?
La
Tunisie se targue, à juste titre, d’être le pays où la classe moyenne
constitue la base la plus large, d’être un pays où le taux de pauvreté
a baissé sous la barre psychologique des 4%, un pays où plus des 80% de
la population sont propriétaires de leur logement, un pays où la
moyenne de revenu par tête d’habitant se situe déjà à plus de 5000
dinars par an.
Mais si on regardait, de plus près, la réalité des
salaires sur le terrain ? En effet, entre ce que devrait gagner untel
et ce qu’il gagne, effectivement, il y a parfois tout un monde. Cherté
des places oblige, lors des recrutements, le paiement du salaire, dans
le secteur privé, notamment, ne se fait plus, obligatoirement, selon le
diplôme ou la compétence du candidat, mais bel et bien selon l’urgence
de ses besoins.
Ainsi, par les temps de crise qui courent et vu
l’abondance des demandes d’emploi et la prolifération des diplômés du
supérieur, les employeurs n’ont que l’embarras de choix et c’est à
celui qui, parfois, accepte le plus bas salaire, que reviendra le poste.
En
toute logique, il est normal qu’à valeur et compétence égales, un
employeur retienne celui qui lui coûtera moins cher. Ce n’est cependant
pas le cas de toutes les fonctions. Pour certaines, les employeurs
n’hésitent pas à payer des salaires élevés pour des candidats de
valeur. Et la valeur ne se mesure pas toujours par le diplôme ou
l’expérience, mais par le savoir-faire. Voici ce que gagnent les
Tunisiens en moyenne, secteur par secteur.
Pour que
nos lecteurs aient une idée assez précise de ce qu’on peut appeler la
grille des salaires des différentes professions, nous avons procédé,
selon les moyens de bord que nous avons voulu le plus fiables et
crédibles possibles, à une collecte des données sur cette question
auprès des gens des différentes corporations concernées. Donc auprès de
gens qui ont bien voulu nous déclarer les salaires qu’ils reçoivent.
Pour d’autres, on a fait appel à des documents officiels d’assemblées
générales d’entreprises (cas des sociétés cotées en bourse) ou encore
aux déclarations publiques des concernés (cas des sportifs).
Si on
compare les extrêmes à savoir le plus bas salaire, qui est celui de
l’ouvrier smigard et sans aucune qualification, et la plus haute
rémunération à savoir celle d’un PDG d’une banque privée, on constate
que le fossé est énorme, mais il est vrai que l’assiette la plus large
tourne autour de 500 dinars par mois, émoluments perçus par un cadre
moyen ou un technicien supérieur. Ces émoluments ne comprennent pas les
extras, à savoir les primes, les bons d’essence, les tickets
restaurant, etc.
Toujours est-il que pour le même poste, des
différences existent selon que l’on soit débutant ou confirmé sans
oublier l’ancienneté qui implique l’octroi des avancements en échelles
et échelons.
Charité bien ordonné commence par soi-même. Chez
les journalistes, si la convention collective veut que l’on commence,
pour un maîtrisard de l’IPSI, à près de 600 dinars, et atteindre près
de 1000 dinars lorsqu’on a le grade de rédacteur en chef, la réalité
n’est pas toujours ainsi, dans le sens où nombreux sont les
journalistes qui exercent, aujourd’hui dans certaines entreprises
journalistiques selon le statut de contractuel avec une rémunération ne
dépassant pas, dans le meilleur des cas, les 400-500dinars. C’est
notamment le cas dans le secteur privé. Dans le public, et après une
dizaine d’années d’expérience, ce salaire tourne autour de 1200 dinars.
Dans l’Education, un enseignant du secondaire commence avec un
salaire mensuel de 700 dinars qui peut atteindre jusqu’à 850-900
dinars, alors que l’instituteur débute avec 600 dinars avant de monter
selon son ancienneté, les avancements et les promotions.
Dans la
corporation médicale, le médecin généraliste commence, dans la santé
publique, avec un peu plus de mille dinars, le médecin spécialiste
touche dans les 1500 dinars alors que le professeur agrégé arrive
jusqu’à deux mille dinars.
Chez le corps des magistrats, on débute à
1300 dinars pour le premier degré. On passe à près de 1600 dinars pour
le deuxième degré avant de passer jusqu’à un peu plus de deux mille
dinars pour le troisième degré (cassation)
Pour les chefs
d’entreprises privées, la fourchette se situe entre 1500 et 5000
dinars, alors que pour leurs homologues dans le secteur public, elle va
de 2000 à 3000 dinars.
Pour les banques, le salaire d’un PDG dans
le public varie entre 2300 et 2800 dinars alors que le salaire d’un PDG
dans le privé passe à des proportions extraordinaires pouvant atteindre
jusqu’à… 90 000 dinars par …mois ! C’était le cas dans une grande
banque privée de la place il y a quelques années. On en saura
certainement davantage cette année avec l’obligation légale imposée par
la nouvelle loi de publication des salaires des premiers dirigeants.
Il
y a lieu d’évoquer, également des salaires trop bas comme ceux des
femmes de ménage employées selon le système de sous-traitance. Parfois,
celles-ci ne touchent pas plus de 80 dinars par mois, alors qu’une
secrétaire médicale dans un cabinet d’un médecin touche entre 120 et
250 dinars.
Les émoluments évoqués constituent le net perçu
mensuellement sans compter les indemnités et autres primes de
rendements ou les honoraires des gardes pour les médecins.
Sans
prétendre couvrir toutes les branches professionnelles et avec des
chiffres le plus proches de la réalité du terrain, voici, une grille
non exhaustive des salaires mensuels d’un bon nombre de professions.
Ces salaires sont donnés à titre indicatif en moyenne et en net hors
primes et avantages :
- Médecin généraliste : 1000 dinars
- Médecin spécialiste : 1500 dinars
- Professeur en médecine : 2000 dinars
- Infirmier : 500 dinars
-Enseignant du supérieur : 1100 – 2000 dinars
- Enseignant du secondaire : 700-900 dinars
- Instituteur : 600 dinars
- Juge : 1300-2000 dinars
- Journaliste : 400-600-1000 dinars
- Rédacteur en chef : 1100-1200 dinars
- Ouvrier : 250 dinars
- PDG de banque : A partir de 2300 dinars et jusqu’à 90.000 dinars
- Dirigeant de PME (privée) : 1500-5000 dinars
- Dirigeant d’une entreprise publique : 2000-3000 dinars
- Ingénieur NTIC : 800 – 2000 dinars
- Secrétaire : 250-400 dinars
- Chauffeur de bus (public): 450 dinars
- Chauffeur de bus (privé) : 250 dinars
- Policier : 350 – 400 dinars
- Agent dans une banque : 600 – 700
- Cadre dans une banque : 900 - 1300